Le sujet face au réel – séminaire 2015-2016

séminaire 2015-2016

Le sujet face au réel

Argument Général

Après les « Figures de la cruauté », la clinique du contemporain menée par Schibboleth – Actualité de Freud – se poursuit cette année par l’étude de la psychopathologie du sujet, individuel et collectif, dans ses rapports au réel, dans sa construction et ses avatars, suivant qu’il décline névrose, psychose ou perversion.

Nous sommes en effet confrontés aux réalités de l’actualité ; et nous y réagissons en fonction de notre économie psychique ; mais nous sommes aussi confrontés à la façon dont cette actualité est traitée, médiatisée, par les intellectuels, les médias, qui nous font souvent halluciner tant y abondent dénis de réalité, échanges de rôles, inversions en miroir bourreaux-victimes, dévoiements sémantiques, discrédits unilatéraux, clivages projectifs diabolisation/angélisation, collant aux pré-constructions idéologiques, se réclamant « du bien, de la morale, des droits de l’homme, de l’antiracisme, de la paix »… qui dans la forme et dans le fonds autant que par effet de masse et de mode justifient et encouragent la barbarie meurtrière.

Ce sera l’objet de la 1ère séance, l’histoire et les postures des intellectuels en France, la complaisance, aveuglement, fascination, complicité, dans le rapport aux dictatures, aux idéologies totalitaires, océans de certitude. « Mieux vaut avoir tort avec Sartre qu’avoir raison avec Aron. »

[…]

Comité Éditorial & Conseil Scientifique

Michel Gad Wolkowicz, Thibault Moreau, Jacques Amar, Patrick Bantman, Michaël Bar Zvi, Danièle Brun, Marc Cohen, Eugène Enriquez, Georges Gachnochi, Bernard Grelon, Christian Hoffmann, Colette Leinman, Michèle Lévy-Soussan, Didier Lippe, Éric Marty, Sylvie Méhaudel, David Mendelson, Isy Morgenstern, Jean-Jacques Moscovitz, Marc Nacht, Alexis Nuselovici, Philippe Robert, Marie-Hélène Routisseau, André Sénik, Georges-Élia Sarfati, Daniel Sibony, Jacques Tarnéro, Danièle Tchénio, Sam Tyano, Monette Vacquin, Simone Wiener, Jean-Pierre Winter, Paul Zawadzki.

LIEU, MOMENTS & THÈMES

Neuf jeudis en soirée, de 20:30 à 23:00, dans l’amphithéâtre de l’ISEG (Institut Supérieur Européen de Gestion), 28 rue des Francs-Bourgeois, Paris IVe

Jeudi 5 novembre 2015
« L’opium des intellectuels » ?

Jeudi 3 décembre 2015 
« La pensée face au réel » : De la construction du psychique, de la pensée, du sujet, et de leurs avatars

Quatre séances autour du thème : 
Le sujet dans la transmission

Jeudi 7 janvier 2016
Le sujet dans la transmission I : processus, mémoire, filiation, représentations, identifications ; à partir du film Bon papa, un homme sous l’occupation, de Leïla Férault-Lévy

Jeudi 14 janvier 2016
Le sujet dans la transmission II : Le roman familial, l’histoire et l’« Histoire avec une grande Hache » ; à partir du film Ombres, de Leïla Férault-Lévy

Jeudi 4 Février 2016 
Le sujet dans la transmission III : Traumatisme et rupture de transmission trans-générationnelle

Jeudi 10 Mars 2016
Le sujet dans la transmission IV : Questions d’héritage et de succession. Droit notarial et de la famille, Loi et Psychanalyse

Jeudi 7 Avril 2016 
Insistances du réel I : Histoire et psychopathologie de l’antisémitisme

Jeudi 12 mai 2016 
Insistances du réel II : Le négationnisme, aujourd’hui

Jeudi 9 Juin 2016 
Médecine, psychanalyse, psychosomatique. Le sujet face au réel du corps

Jeudi 7 Juillet 2016 
Les médias et la vérité : méthode, dogmes, doxa ; économie psychique d’un métier

PROGRAMME DÉTAILLÉ

JEUDI 5 NOVEMBRE 2015

« L’opium des intellectuels » ?

Quel est donc aujourd’hui « L’opium des intellectuels » (pour reprendre ce titre de Raymond Aron) ? De quoi procède le déni idéologique du réel ? Son avenir d’illusion, de négation est-il la défaite de la pensée ? D’où puise-t-il sa force de croyance ? À quoi répond-il et comment y répondre ? 
L’intellectuel n’est pas seulement une figure, mais encore il manifeste une économie psychique individuelle et collective.
Dans son article « La Négation » (1925), Freud montre comment le jugement intellectuel est aussi bien une levée partielle du refoulement qu’une façon de le poursuivre mais autrement. Malgré qu’ils en aient ou quoiqu’ils l’ignorent, les intellectuels n’échappent pas à cette loi psychique : par leurs jugements, ils prolongent leurs propres refoulements ou ceux de leur société, de leur époque ; même quand ils prétendent dire la vérité sur ces dernières.
Et c’est ainsi sans doute que les intellectuels ont en France une histoire insistante et paradoxale eu égard aux liens de fascination ou de complaisance que nombre d’entre eux ont entretenu avec les régimes totalitaires ou des idéologies antidémocratiques voire génocidaires (le nazisme, le stalinisme, le polpotisme, le maoïsme, l’islamisme, le palestinisme…). Que ceux-ci aient préféré et préfèrent, par leurs discours, actes, pratiques, oscillant entre hyper-réalisme et utopie, prendre la posture du justicier plutôt que de servir la vérité, ne laisse pas d’interroger les filiations de pensée, rôles et attitudes d’une partie des intellectuels en France face aux réalités du monde ?

Présidence et introduction 
Michel Gad Wolkowicz (Professeur de Psychopathologie, psychanalyste (Association Psychanalytique de France), président de Schibboleth – Actualité de Freud –)

Intervenants 
Philippe Val (ancien directeur de Charlie Hebdo et de France Inter, essayiste) 

Frederic Encel (Prof. de Sciences Politiques et de géo-politique) 
Jacques Tarnero (sociologue, essayiste)
André Senik (Professeur de philosophie, essayiste)
Georges Bensoussan (historien)

Discutants 
Eugène Enriquez (Pr. émérite de Sociologie) ; Paul Zawadzki (Pr. de Philosophie Politique) ; Thibault Moreau (psychanalyste)

JEUDI 3 DECEMBRE 2015

La pensée face au réel : construction du psychique, de la pensée, du rapport à la réalité, du sujet

Psychopathologie du bébé et de l’enfant, de l’adolescent : les avatars dans le développement, dans les processus de symbolisation, de la relation d’objet, paradigmatiquement dans les problématiques autistique, anorexique, et chez l’adulte, dans les perversions, la paranoïa, les états-limites…. La question des différends éthiques, thérapeutiques, idéologiques, à propos de la problématique anorexique notamment, pourra être soulevée.

Intervenants

Bernard Golse 
(Chef du service de Pédopsychiatrie, Hôpital Necker-Enfants Malades ; Professeur de Psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent, Université René Descartes ; psychanalyste, Association Psychanalytique de France) 
« Détruire ou effacer l’objet pour prévenir la douleur de la perte : ce qui résiste de l’objet »

Daniel Zagury (Expert près la Cour d’Appel de Paris ; Psychiatre Hospitalier) 
Didier Lippe 
(pédopsychiatre ; psychanalyste, Association Psychanalytique de France)

« L’impensé de la grossesse »

Christian Hoffmann 
(Professeur de Psychopathologie, Université Paris Diderot ; psychanalyste, Espace Analytique ; Directeur de la Chaire Lévi-Strauss, Université Sao Paulo, Brésil) 
« Le réel du symbolique »

Didier Lippe (pédopsychiatre ; psychanalyste, Association Psychanalytique de France)
« L’anorexie… “ un objet mal identifié ” »

Thierry Delcourt 
(Psychiatre ; psychanalyste ; Rédacteur en chef de la revue Psychiatries)
« 
Réel, virtuel et perception : du vertige à l’effroi »

Quatre jeudis (les 7 & 14 janvier, 4 février, 10 mars) sur le thème :

« LE SUJET DANS LA TRANSMISSION »

JEUDI 7 JANVIER 2016

LE SUJET, LE RÉEL ET LA TRANSMISSION I : 
Processus, mémoire, filiation, représentations, identifications

Intervenants :

Jean-Pierre Winter (psychanalyste, président du Coût Freudien ; Membre du Comité Éditorial de Schibboleth – Actualité de Freud –)

Pascal Bruckner (philosophe, écrivain, essayiste, Membre du Comité Éditorial de Schibboleth – Actualité de Freud –)

Serge Hefez (psychiatre, thérapeute familial ; Membre du Comité de Rédaction de Schibboleth – Actualité de Freud –)

Régine Waintrater (maître de conférences École Doctorale de Psychanalyse, Université Paris Diderot)

Leïla Férault-Lévy (cinéaste) et son film : Bon papa, un homme sous l’occupation ; dont la projection-débat se fera après les exposés

Le film de Leïla Férault-Lévy :
À la recherche d’informations sur le passé obscur de son grand-père paternel, la réalisatrice nous plonge dans la France vichyste de la Révolution Nationale. Le sombre engagement d’un homme visiblement ordinaire, révèle une partie de l’histoire refoulée de notre pays. La quête de la réalisatrice se heurte au silence et au refus de l’évocation de la petite et de la grande histoire. Cette recherche intime est d’autant plus difficile que le destin de ses grands-parents maternels est marqué du sceau de la Shoah.

ARGUMENT

Transmettre : « L’inconscient, disait Lacan, est ce chapitre de mon histoire qui est marqué par un blanc ou occupé par un mensonge : c’est le chapitre censuré. Mais la vérité peut-être retrouvée ; le plus souvent elle est déjà écrite ailleurs. » C’est précisément ce que montre les deux films de Léïla Férault-Lévy. L’inconscient est donc affaire de transmission blessée. Qui ne transmet pas ampute ceux qu’il perfore de ses silences. Paradoxalement ceux qui transmettent peuvent blesser les cœurs de ceux qu’ils aiment.
Spontanément nous pensons que la transmission concerne ce que dit une génération à celle qui la suit mais, comme nous le verrons, nombreuses sont les œuvres aujourd’hui qui témoignent d’une volonté de lever la « censure », partant des plus jeunes à l’adresse des plus anciens.

Jean-Pierre Winter

La psychopathologie de la construction du psychique et de l’objet, du jugement et du monde externe, au travers introjection/projection, l’élaboration hallucinatoire de l’absence et de la négativité, et de leurs avatars, problématiques autistiques et anorexiques, déni de grossesse, comme paradigmes du déni de la réalité, a entamé le Séminaire Le sujet face au réel. Une clinique du contemporain aura convoqué une généalogie de la pensée servile et de la pensée totalitaire, de la fascination jouissive renouvelée chez une partie importante de l’intelligentsia pour les idéologies et les régimes oppressifs et génocidaires, du nazisme à l’islamisme, passant par le marxisme et le stalinisme, le maoïsme, le polpotisme, déni et/ou complaisance apathiquement perverse, passion narcissique et amalgamante, océan barbare des certitudes, opium des intellectuels, clôturés en religions séculières, pour une Cause totalisante.
La transmission, ce qui nous échappe, transmission de la transmission, son processus, ses fils, ses traces, l’appropriation subjectivante d’un héritage, ou au contraire un mimétisme mortifère, condensent l’histoire transgénérationnelle des transferts de transferts. Elle inscrit le sujet dans un entre-deux -des générations, de la différence des sexes, du langage – producteur du Symbolique sur lequel s’étaie le réel et le champ du fantasme et la structure du désir -, de sa construction dans le rapport à la temporalité, à la conflictualisation psychique des identifications, de la dette et de la castration, confrontée aux tentations du narcissisme, ainsi qu’aux ruptures, aux rêves inconscients et aux traumatismes intergérationnels. 
« Un bon fils » de Pascal Bruckner sera précisément en résonance.

Michel Gad Wolkowicz et Thibault Moreau

JEUDI 14 JANVIER 2016

LE SUJET, LE RÉEL ET LA TRANSMISSION II 
Le Roman familial, l’histoire et l‘« Histoire avec une grande Hache »

Intervenants :

Jean-Pierre Winter (psychanalyste, Président du Coût Freudien ; Membre du Comité Éditorial de Schibboleth – Actualité de Freud –)

Philippe Robert (Prof. Psychologie Clinique, psychanalyste – Société Psychanalytique de Paris – ; thérapeute familial ; Vice-Président de Schibboleth – Actualité de Freud –)

Danièle Tchenio (pédopsychiatre, C. H. d’Orsay ; Membre du Comité Éditorial de Schibboleth – Actualité de Freud –)

Jean-Jacques Moscovitz (Président Fondateur de Psychanalyse Actuelle, du Regard qui bat, Vice-Président de Schibboleth – Actualité de Freud –)

Pierre Benghozi (pédopsychiatre ; Président de l’Institut de Recherche en Psychanalyse du Couple et de la Famille, Professeur invité Université de Sao Paulo ; Membre du Comité de Rédaction de Schibboleth – Actualité de Freud –)

Pascal Bruckner (philosophe, écrivain, essayiste ; Membre du Comité Éditorial de Schibboleth – Actualité de Freud –)

Serge Hefez (psychiatre, thérapeute familial ; Membre du Comité de Rédaction de Schibboleth – Actualité de Freud –)

Leïla Férault-Lévy (cinéaste) et son film : Les Ombres, un conte familial, dont la projection-débat se fera après les exposés

Le film : 
1944 en Pologne, un père dépose son nourrisson sur une fenêtre avant d’être abattu par les Allemands et jeté dans une fosse. Après la guerre, la mère – ma grand-mère –, émigrée en France, négocie durement le retour de l’enfant avec la famille nourricière. Cet enfant est l’oncle de la réalisatrice qui à la rencontre du passé, s’interroge sur les séquelles laissées par le génocide sur les trois générations des familles française et polonaise.

JEUDI 4 FEVRIER 2016

LE SUJET, LE RÉEL ET LA TRANSMISSION III
Traumatisme et transmission trans-générationnelle : rupture et continuité

Intervenants

Patrick Bantman (Psychiatre, Thérapeute Familial ; Membre du Comité Éditorial de Schibboleth – Actualité de Freud –)

Janine Altounian (essayiste, traductrice des œuvres de Freud ; Membre du Comité Scientifique de Schibboleth – Actualité de Freud –)

Marion Feldman (Maître de conférences en Psychologie Clinique – HDR, Université Paris Descartes)

Régine Waintrater (Maître de Conférences École Doctorale psychanalyse, Paris-Diderot ; Membre du Comité de Rédaction de Schibboleth– Actualité de Freud –)

Éva Weil (psychanalyste, Membre de la Société Psychanalytique de Paris ; Membre du Comité de Rédaction de Schibboleth – Actualité de Freud –)

Rachel Rosenblum (psychanalyste, Membre de la Société Psychanalytique de Paris ; Membre du Comité de Rédaction de Schibboleth – Actualité de Freud –)

JEUDI 10 MARS 2016

LE SUJET DANS LA TRANSMISSION IV
Questions d’héritage et de succession. Droit notarial et de la famille, Loi et Psychanalyse

Bref

L’héritage, la succession, les actes notariaux et testamentaires, constituent et produisent des événements psychiques, tant des passages symboliques qu’une réactivation imaginaire et fantasmatique ; ils réveillent tout l’infantile : les fixations archaïques (envies, projections, intrusions, fratricides), les problématiques et enjeux narcissiques (quête de reconnaissance, d’amour, deuils pathologiques, idéalisation-désidéalisation, mimétismes), les conflits œdipiens (changement de place dans la généalogie, dette et gratitude, castration et manque, rivalité, illusion-désillusion, identification-désidentification).
Les premiers passeurs et témoins, médiateurs de ces événements sont les notaires, les avocats, juristes et législateurs… souvent suivis de près par les psychanalystes.
La succession est donc un moment emblématique de la transmission ; la mort y est présente et révélatrice. Les hommes du Droit et ceux de l’Inconscient, tous intéressés par l’héritage, comme legs de l’avenir et promesse du passé, trouvent profit à en reprendre la question selon ce départ, sans détour, au vif du sujet. Qu’est-ce que le Juriste et le Psychanalyste sauront apprendre de ce moment, où le droit s’articule, se dialectise, se conflictualise tant avec la culture et la civilisation, qu’avec la clinique et la subjectivation ?
Pour cette séance du séminaire, c’est depuis la comparaison des traitements par certains codes juridiques nationaux des successions, donations, constitutifs de la matérialisation de l’héritage, que les juristes et les cliniciens questionneront la représentation de la transmission et de la filiation, la conception et la place de sujet, de l’enfant, du nom, du conjoint, des parents et fratries, du roman familial (structures de la parenté), et au fond de la vie, de la mort, du sexuel.
Les divers codes juridiques expriment des différences culturelles et historiques et influencent en retour la psyché collective. Étudier la relation dialectique du droit et de la culture au travers de leurs évolutions respectives, éclaire ce qui constitue et ce que produit le Symbolique. 
L’idée de transmission ne participerait-elle pas de l’essence même de la pensée, en tant que processus indéfini lié au transfert ?

Sous la présidence de 
Michel Gad Wolkowicz (Professeur de Psychopathologie ; psychanalyste, Association Psychanalytique de France)
& de
Bernard Grelon (Professeur de Droit, Paris Dauphine, Avocat, Membre du Comité Éditorial de Schibboleth – Actualité de Freud –)
« Enjeux et effets »

Anne-Marie Leroyer (Professeur à l’École de Droit, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, Directrice du Département de recherche sur la famille et le patrimoine)

Julien Trokiner (Notaire, Pôle patrimonial ; Conférences LexisNexis et Chambre des Notaires de Paris ; membre du Jury « HEC Entrepreneurs »)

Jacques Amar (Maître de conférences en Droit Paris Dauphine, docteur en sociologie, Vice-Président de Schibboleth – Actualité de Freud –)
« Le patrimoine : transmission ou soumission ? »
En droit, la notion de transmission est liée à celle de patrimoine et par extension aux droits de succession. Comment alors expliquer les différences en matière successorale entre les différents corpus juridiques ? Essai de présentation des différences entre ce que l’on appelle les droits continentaux, les droits anglo- saxons et les droits d’inspiration religieuse.

Daniel Sibony (psychanalyste, Membre du Comité de Éditorial de Schibboleth – Actualité de Freud –)
« Transmission d’avoir, transmission d’être »

Argument

Le Droit est au cœur des transmissions, pour ce qui touche aux rapports entre les personnes, dès avant leur naissance et par delà leur mort, comme aux rapports entre les personnes et leurs biens ; mais encore, plus fondamentalement, et pour reprendre une notion clef chez Pierre Legendre, il joue un rôle essentiel dans la transmission des conditions de vie et de transmission de la vie même chez les êtres parlants. Il ne se borne pas à être vecteur de transmission : non seulement il contribue à la conception de l’homme, mais encore il l’enregistre. Il donne forme à la psyché, individuelle ou collective en même temps qu’il est une construction (symptomatique) de civilisation. Symptomatique jusque dans sa transmission même (le Droit se conserve-t-il ou bien s’invente-t-il ; que fait-il de son histoire lorsqu’il s’imagine ? Comment se réforme-t-il ? S’aperçoit- il de ses retours de refoulé ? Comment oublie-t-il ? etc.)
C’est avec cet appui du Droit et la Psychanalyse se confrontant l’un l’autre que nous interrogerons un moment crucial et révélateur dans une existence humaine et dans la société : celui de l’héritage tel qu’il apparaît dans les processus de succession.
En fond de la succession, il y a la mort d’un individu et le devenir de ses volontés, biens et dettes.
Le moment de la succession est connu pour être révélateur tant des passions humaines les plus féroces que de la qualité profonde des liens noués par le défunt avec ses entourages. Il donne lieu à une sorte de levée de refoulement, à un retour de l’infantile, à un réveil des forces, enjeux ou figures archaïques (p. ex. les rivalités fraternelles), narcissiques (p. ex. les espoirs de reconnaissance) ou, au mieux, œdipiens (p. ex. amour/haine du père), qui peuvent se manifester jusque dans des violences stupéfiantes. Il est le rendez-vous pour des questions originelles telles que : Qu’est-ce que je suis dans la filiation, dans le désir de mes parents ? Qu’est- ce qu’un fils ou une fille pour moi ? Il est, par exemple avec le testament, la scène ouverte pour les fantasmes ou projections idéalisantes, vivantes ou mortifère, d’une génération vers l’autre.
Ce moment de la succession révèle aussi, par les droits qu’on y acquitte, la part due au Droit dans la possibilité de la transmission d’un héritage ; mais aussi dans sa limitation. C’est qu’en effet, il porte la marque d’un dessein de l’État, intervenant (plus ou moins, selon les pays) dans les passages qui se font d’une génération à l’autre. Il manifeste la dialectique entre droit et culture, l’un et l’autres se modelant, s’opposant (au mieux), se subordonnant (au pis), dans des us et coutumes se caractérisant par les places données à chacun : que vaut la parole d’un être qui n’est plus ? quel intérêt prévaut dans la distribution des biens ? qui en décide ? quelle place ont les enfants au regard de leurs parents ? quelles différences sont faites entre les hommes et les femmes ? quelle conception s’y entretient du lien entre époux ? etc.
Sont ainsi engagés les enjeux et les effets multiformes de l’héritage, successions, donations, patrimoniales, familiales, du rapport entre droit et modalités de transmission, de l’évolution des représentations de filiation, des formes et des structures familiales, des relations intergénérationnelles, et soeurales et fraternelles, de l’imago maternelle et de la figure et de la place du père, et alors des sentiments d’appartenance et d’identité. Également la question de la transmission même du droit, du rassemblement autour de la loi, et de ce qui participe de la fonction du Symbolique, qui seraient constitutifs de la dialectique entre culture — psyché collective — et droit, autour des représentations d’héritage, à partir d’abords différentiels de certains codes juridiques. Ceci en fonction bien sûr de l’expérience des intervenants et de situations « cliniques ».

Michel Gad Wolkowicz et Thibault Moreau pour le Comité Éditorial

Deux sessions autour du thème : INSISTANCES DU RÉEL

JEUDI 7 AVRIL 2016

INSISTANCES DU RÉEL I
Histoire et psychopathologie de l’antisémitisme

Sous la présidence de 
Michel Gad Wolkowicz 
(Professeur de Psychopathologie, Universités Paris-Sud, Tel Aviv, Glasgow ; psychanalyste, Association Psychanalytique de France ; Président de Schibboleth – Actualité de Freud –)
& de
Michaël Bar Zvi 
(Philosophe, essayiste, Université de Tel Aviv ; i24 news ; Vice-Président de Schibboleth – Actualité de Freud –)

Intervenants :

Paul Zawadzki 
(Professeur de Sciences Politiques, Paris Sorbonne, Membre du Comité Éditorial de Schibboleth – Actualité de Freud –)
Jean-Pierre Winter 
(Psychanalyste, Président du Coût Freudien, Membre du Comité Éditorial de Schibboleth – Actualité de Freud –) 
Daniel Sibony 
(Psychanalyste, Membre du Comité de Éditorial de Schibboleth – Actualité de Freud –)

Bref Argument

En effet, l’antisémitisme, comme les perversions, dont il est un aspect, comme la libido selon Freud, passe par toutes sortes de métamorphoses, revêt toutes sortes de formes qui le « symbolisent ». N’en doutez pas : l’antisionisme est actuellement son alibi le plus redoutable, son camouflage le plus dangereux. C’est l’aubaine inespérée l’introuvable prétexte, la motivation providentielle ! Avoir le droit, et même le devoir de haïr les Juifs dans l’incarnation que représente et résume Israël, il fallait y penser ! Tel est le trait de génie de la perversité antisémite : il permet de rassembler, de justifier touts les instincts nazis, et (ce qui est un comble) leur donne une légitimation « démocratique ». Persécuter les Juifs au nom des peuples opprimés : qui dit mieux ?

Vladimir Jankélévitch à Henry Bulawko, le 30 mai 1975. Extrait de : L’esprit de résistance. Textes intédits, 1943-1983. Albin Michel, Paris, 2015, p. 153.

La victime nazie, à la fois juive et politique, que j’étais et que je suis, ne peut se taire quand sous l’étendard de l’antisionisme elle voit se regrouper les audacieux représentants de l’ignoble antisémitisme d’antan. L’impossibilité d’être juif se mue alors en nécessité de l’être : une nécessité qui proteste avec véhémence. Ainsi donc, que ce livre qui, de manière tout à fait inattendue, est à la fois inactuel et de la plus haute actualité, soit non seulement un témoignage de ce que furent le fascisme véritable et en particulier le nazisme, mais qu’il soit aussi un appel lancé à la jeunesse allemande pour qu’elle revoie ses positions. L’antisémitisme a une psychologie collective profondément ancrée, et aussi une infrastructure qu’on peut sans doute faire remonter, en dernière analyse, à des sentiments et des ressentiments religieux refoulés. L’antisémitisme peut être actualisé à tout instant – et j’ai été profondément effrayé, sans être vraiment étonné, d’apprendre qu’au cours d’une manifestation qui se déroulait en faveur des Palestiniens dans une métropole allemande, non seulement le  » sionisme  » (quel que soit le sens que l’on donne à ce concept politique) avait été maudit comme une plaie qui s’étend au monde entier mais aussi que de jeunes antifascistes excités auraient énergiquement annoncé la couleur en criant :  » Mort au peuple juif ! « 
Nous autres, nous sommes habitués à ce genre de choses. On a pu voir comment le verbe s’est fait chair et comment le verbe devenu chair a finalement formé une montagne de cadavres. On se remet à jouer avec le feu qui a creusé tant de tombes dans l’air du ciel. Moi je crie au feu ! Je n’aurais jamais cru cela possible quand la première édition de mon ouvrage parut en 1966 et que mes seuls adversaires, mes adversaires naturels étaient les nazis, les anciens et les nouveaux, les irrationalistes et le fascistes, l’engeance réactionnaire qui en 1939 conduisait le monde à sa mort. Qu’aujourd’hui je doive m’élever contre mes amis naturels, les jeunes femmes et les jeunes hommes de la gauche, cela va plus loin qu’un simple abus  » dialectique « . C’est plutôt une de ces mauvaises farces que nous joue l’histoire mondiale, qui vous fait douter du sens de tout évènement historique et vous fait finalement désespérer. Les vieux crétins du camp de l’inexterminable réaction ont fait de leur Albert Speer un auteur allemand de best-sellers, la jeunesse exaltée a oublié tout ce qui, depuis les encyclopédistes français jusqu’aux intellectuels allemands de gauche de l’entre-deux-guerres, en passant par les théoriciens anglais de l’économie, pouvait être mis à son service et à son actif : l’héritage des Lumières.

Jean Améry (Bruxelles, hiver 1976, en préface à la nouvelle édition de 1977 de Jenseits von Schuld und Sühne. Bewältigungsversuche eines Überwältigten, traduit en français (par Françoise Wuilmart) sous le titre : Par-delà le crime et le châtiment. Essai pour surmonter l’insurmontable, paru chez Actes Sud, collection  » Babel « , 2005, pp. 17, 18, 19

JEUDI 12 MAI 2016

INSISTANCES DU RÉEL II. 
Le négationnisme, aujourd’hui

Sous la présidence de 
Michel Gad Wolkowicz (Prof.Psychopathologie, Paris Sud psychanalyste – Association Psychanalytique de France –, Président de Schibboleth – Actualité de Freud –)

Intervenants

Pascal Bruckner (philosophe, écrivain, essayiste, membre du Comité Scientifique de Schibboleth –Actualité de Freud –)

Eric Marty (Prof. Littératures modernes, Université Paris Diderot, Membre de l’Institut Universitaire de France, écrivain, essayiste, membre du Comité Scientifique de Schibboleth – Actualité de Freud –)
« Le négationnisme du point de vue du métadiscours »

Jean-Jacques Moscovitz ((psychiatre, psychanalyste, Président-Fondateur de Psychanalyse Actuel et du Regard qui bat, critique freudien de cinéma, vice-président de Schibboleth – Actualité de Freud –)

Jacques Tarnero (sociologue, essayiste, ancien Chercheur Associé CNRS ; chargé de mission CSI, membre du Comité Éditorial de Schibboleth – Actualité de Freud –)

Philippe Val (essayiste, journaliste, ancien directeur de la rédaction de Charlie Hebdo, et directeur de France Inter)

JEUDI 9 JUIN 2016

Médecine, psychanalyse, psychosomatique. Le sujet face au réel du corps

Sous la présidence de : 
Michel Gad Wolkowicz 
(Professeur de Psychopathologie, Universités Paris-Sud, Tel Aviv, Glasgow ; psychanalyste, Association Psychanalytique de France ; Président de Schibboleth – Actualité de Freud –)

Avec la participation de :

Prof. Danièle Brun
(Prof. Émérite de psychopathologie Paris Diderot, présidente de Psychanalyse et Médecine, Membre d’Espace Analytique, Membre du Comité Éditorial de Schibboleth — Actualité de Freud —)

« Médecine et psychanalyse — Depuis l’apport de Lacan sur la place de la psychanalyse dans la médecine »

Dr. Michele Levy-Soussan 
(Médecin interniste, responsable unité mobile et d’accompagnement de soins paliatifs -UMASP – Pitié-Salpétrière, Secrétaire générale associée de la Société Médecine et Psychanalyse – SMP ; enseignante associée Université Pierre et Marie Curie – éthique médicale, relation soins, médecine narrative ; chercheur associé CRPM Centre de recherche psychanalyse et médecine, Université Paris-Diderot ; Membre du Comité Éditorial de Schibboleth — Actualité de Freud — )

« Décisions médicales au seuil de la vie : que reste-t-il du sujet ? »

Dr. André Aboulkheir 
(Médecin anesthésiste réanimateur ; DIU « évaluation et traitement de la douleur » ; DU psychosomatique intégrative, Pitié-Salpêtrière ; Membre du Comité de Rédaction de Schibboleth — Actualité de Freud —)
&
Dr. Lionel Naccache 
(Médecin anesthésiste réanimateur ; DIU « évaluation et traitement de la douleur », DU « Psychosomatique intégrative », Pitié-Salpêtrière), 
&
Prof. Jean Benjamin Stora 
(Professeur émérite Université de Paris 6, Pierre et Marie Curie, Psychosomaticien Psychanalyste, Doyen Honoraire de la Faculté de HEC, Ancien président de l’IPSO « Pierre Marty », Président de la Société de Psychosomatique Intégrative)

« Du réel biologique au sujet (de la) psychosomatique »

Dr. Jacques Wrobel 
(anesthésiste réanimateur, équipe douleur – soins palliatifs, hôpital Américain de Paris ; Membre du Comité de Rédaction de Schibboleth — Actualité de Freud —)

« Le sujet, sa famille et les soignants face à la douleur et la fin de vie »

Jeudi 7 Juillet 2016

Les médias et la vérité : méthode, dogmes, doxa ; économie psychique et épistémologie d’un métier

Intervenants :

Michel Gurfinkiel (essayiste, journaliste valeurs Actuelles, Directeur de JJIRI) 
Luc Rozenczweig (journaliste, chroniqueur, ancien rédacteur en Chef du Monde)
Marc Drillech (Directeur de communication)
Frederic Encel (Prof. de Sciences Politiques et de géo-politique) 
Pascal Bruckner (écrivain, essayiste)
Philippe Karsenti (Directeur de communication)
Michel Zerbib (Directeur de la rédaction Radio J) 
Daniel Dayan (analyste des médias -images-discours, Sc.Po)
Shlomo Malka (journaliste, écrivain, Directeur de L’Arche) 
Alexis Lacroix (journaliste, critique littéraire) 
Clément Weil-Raynal (journaliste) 
Ruth Elkrief (journaliste) 
Patrick Cohen (journaliste)