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Un monde en Trans

Transfert de transferts ou d’une hypocondrie du contemporain

Argument

Un monde en transes, en transition, en transformation. Mais aussi un monde en transports, en transferts, en traductions et transmissions. On joue ici sur les vibrations polysémiques du préfixe trans. Pour sonder quelques objets identifiés comme des signes et des signaux des crises actuelles, et leur indécidable devenir sur des horizons très brouillés.

Le monde se croit et se veut en crise, celle-ci pouvant être constitutive d’un processus de remaniement. Mais n’est-il pas en effet en transes, hors de soi, toujours chez l’autre, en quête de trans, symétrie imaginaire idéalisante et harmonie sédative et conjuratoire, contra-phobique, qui à la fois aspire à la totalité, en miroir du tout-intégriste, et qui s’oublie ? Dirait-il par sa gestuelle, ses « faire » et discours incantatoires, ce qu’il ne peut entendre ? Refuserait-il de tenir ses maux pour des symptômes, dont nous discernons et analysons ici quelques figures exemplaires (destitution de la langue et fascination de la violence – terrorisme, serial killers, l’omnipotence narcissique et le « jouir sans entraves » -, régression et prégnance de la sensorialité sur l’intellectualité, des illusions intimes et collectives, de la pensée mythique, des stéréotypes et idées mimétiques ; généalogie « de la destructivité humaine » et des massacres de masse, « L’écriture de la Shoah », construction de la mémoire, de la subjectivité et de l’altérité [Proust, Modiano, Camus, James, Klemperer…], de la disposition analytique de l’analyste dans la cure…).

Pour autant, crises politiques, spirituelles, psychiques, épistémologiques, crises sémantiques et de représentations, interrogées dans leurs dynamiques dé-arrimantes, dé-localisantes, dérivantes. Abordées en polyphonie des ressources disciplinaires : psychanalyse, psychiatrie et criminologie, sociologie, histoire et philosophie, littérature, linguistique et traductologie.

Dégager de la confusion des langues, une clinique d’un contemporain dont l’hypocondrie serait le paradigme conjuguant refus de tout trouble de réalité et haine du transfert, insomnie de la pensée, évacuation du fantasme et du sexuel, et autocratisme du psychique.

Or, n’est-ce pas l’inquiétante étrangeté du transfert constitutive, selon Pierre Fédida, d’un travail possible de dépressivité qui formerait le lieu de résonance de la mémoire du langage participant alors à réinstaurer un processus de construction singulière, d’historicisation et d’interprétation productrice de sens et de réalité dès lors qu’il est pensé anthropologiquement sous sa forme plurielle de transfert de transferts, lui accordant une fonction de transcendance et de symbolisation ouvrant à une généalogie des pensées, à un espace des temporalités et à une traductibilité responsable, enfin à la construction de la semblance et du matériau humains, ce que Freud, en l’appelant de ses voeux, nommait le travail de civilisation (Kulturarbeit) nous confrontant à la nécessité, selon Gérard Rabinovitch, d’une « éthique de la désillusion », à reprendre par chacun et à chaque génération ?

Textes de : Gérard RABINOVITCH, Alexis NOUSS, David MENDELSON, Daniel ZAGURY, Évelyne LABBÉ, Abram COEN, Jean-Claude BATTU, Jean-Jacques MOSCOVITZ, Thibault MOREAU, Kostas NASSIKAS, Éric GHOZLAN, Ruben RABINOVITCH, Brigitte NATRELLA-ERBIBOU, Michal GANS, Michel Gad. WOLKOWICZ

Date de parution : mars 2009
Editeur : EDK
EAN : 9782842541293, ISBN : 978-2-84254-129-3
Collection : Schibboleth – Actualité de Freud
Mentions d’auteur : 
Jean-Claude Battu, Abram Coen, Michel Gans et al.
Sous la direction de Michel Gad. Wolkowicz
Avec la collaboration scientifique et littéraire de Thibault Moreau

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